The RYA Yachtmaster Ocean is experienced and competent to skipper a yacht on passages of any length in all parts of the world.
Introduction
Le Yachtmaster Ocean de la Royal Yachting Association (RYA) est le dernier de trois certificats de compétence du programme Yachtmaster. Dans l’industrie de la voile, il fait partie des certificats de compétence les mieux perçus.
Pour obtenir le certificat, un candidat doit avoir les pré-requis, avoir complété le cours de théorie, réussi un passage d’au moins 600 milles nautiques – dont au moins 200 sont hauturiers -, faire l’évaluation écrite, puis l’évaluation orale. Si une personne cherche l’adossement commercial au certificat, il faut alors que l’examen écrit soit surveillé.
Les deux pré-requis les plus importants sont d’avoir un Yachtmaster Ofshore (du RYA) et suffisamment de milles nautiques parcourus. Si le certificat offshore est adossé commercialement, l’obtention du « Ocean » signifie en pratique que son détenteur n’aura plus la restriction de 150 milles nautiques aux fins d’activités professionnelles.
Le cours de théorie traite de la météo marine, de la planification de passages, et de la navigation astronomique. Il est offert en ligne et votre examinateur fera un suivi de vos résultats au fur et à mesure que vous progressez. Votre performance au cours influencera la décision de votre évaluateur à vous faire passer l’examen final.
La dimension portant sur la météo marine porte sur la compréhension des Alizés, des saisons associés aux ouragans, des dépressions tropicales et la compréhension des systèmes météorologiques plus courants (tels que les dépressions). La dimension portant sur la planification de passage ne fait que formaliser l’idée qu’il faut un plan de route… et vous en fait faire un.
La dimension portant sur la navigation astronomique porte sur la capacité de se positionner à partir de relevés au sextant de différents astres (soleil, lune, etc.). La navigation astronomique requiert de la patience et une attention particulière aux erreurs d’arithmétique. Une petite erreur de calcul peut se traduire en une erreur de position de plusieurs milles nautiques.
La partie pratique de l’évaluation demande de faire un voyage de plus de 600 milles nautiques, dont plus de 200 milles nautiques doivent être hauturiers. L’approche est libre: on peut faire le passage qu’on souhaite, tant qu’il respecte les conditions du RYA. Votre évaluateur ne sera probablement pas du voyage, mais il vous demandera le journal de bord, les calculs de positionnement astronomiques, et le plan de passage. L’évaluation pratique doit comprendre des exercices de positionnement du bateau à partir du sextant. L’une d’elle doit obligatoirement être un « running fix solaire ».
L’examen écrit dure deux heures et portera sur les thèmes couverts au cours: exercice de détermination de position, plan de passage et météo marine.
La démarche de certification est condensée et chargée en exercices. Comme c’est le cas pour les autres cours du programme « YachtMaster », ce sont plus des cours de perfectionnement que des cours où on peut apprendre sans connaissances préalables. Le cours n’est pas particulièrement coûteux, beaucoup moins que le Yachtmaster Offshore.
Il est aussi moins encadré. Le manque de supervision signifie qu’il y a plus d’espace pour adapter le cours à ses besoins, mais aussi qu’il y a plus d’espace pour faire des erreurs. On peut facilement se perdre dans le matériel théorique, ou encore manquer des éléments importants de la planification d’un passage. Conséquemment, ce n’est pas la meilleure approche que de débuter le cours théorique sans avoir des connaissances de la navigation astronomique. Pendant la démarche de certification, les étapes clés de rétroaction seront après le cours théorique, après l’exécution du passage… et pendant l’examen oral.
Passer à travers
Le cours
J’ai débuté le cours théorique en décembre 2023. J’ai pris le cours en ligne avec Navathome. Entre le travail, les croisières et les autres aspects de ma vie, il m’a fallu deux mois pour terminer le cours. Environ 70% du cours porte sur des exercices de navigation astronomique. Les principes y sont exposées mais le centre d’attention du cours est sur les procédures de calcul.
La méthode employée est celle de Marcq St-Hilaire. Dans une large mesure, le format du cours fonctionne très bien. Au final, j’étais capable de faire les exercices de calcul de position pour n’importe quel astre sans trop réfléchir. La processus devient tellement répétitif qu’on finit par faire les étapes mécaniquement.
Il m’est cependant arrivé d’avoir recours à google, des ouvrages complémentaires et autres sources pour mieux comprendre pourquoi la méthode fonctionne. C’est une chose que d’utiliser les tables de conversion, mais c’est une autre que de comprendre comment elles sont calculées. Cette dernière question ne sera que pour ceux qui ont les reins assez solides pour comprendre le mouvement des planètes, la trigonométrie sphérique et l’histoire de la navigation astronomique.
Selon votre compréhension du fonctionnement du système solaire, des coordonnées polaires, est de votre capacité à faire des calculs mathématiques, la navigation astronomique peut être très dure ou très facile. Je suspecte que ce serait une bête noire pour plusieurs. Pour ma part, les aspects auxquels je devais le plus porter attention sont les bêtes erreurs d’arithmétique et la convention pour la direction du vent. Comme l’examinateur ne voit que les résultats de nos calculs des exercices en ligne, ces petites erreurs sont revenues me hanter à l’examen oral.
Le passage et son plan
Mon passage fut associé au convoyage d’un voilier entre les Bahamas et le Canada en Mai 2024. Ce fut un voyage de 1450 milles nautiques, incluant 200 milles nautiques au large de la Floride, suivant le Gulfstream (à droite).
J’ai déjà discuté de ce voyage de long en large ici, ici, ici et ici. Ce plan de passage était intentionnellement plus détaillé que la normale, notamment pour des raisons pédagogiques. Ces détails additionnels m’ont beaucoup aidé à l’examen oral, parce que l’examinateur m’a admis ne pas avoir à me poser de question spécifiques, tellement le plan était clair. En plus du plan, j’ai eu à transmettre le journal de bord, les calculs de positionnement, et l’historique de l’ordinateur de bord.
Ce voyage n’a pas été sans heurt. Nous avons fait face à un problème avec l’échappement du moteur proche de Cap Hatteras, ce qui explique le virage (à voile) vers Norfolk. Nous avons été en mesure de faire une réparation de fortune en mer, mais il a tout de même fallu remplacer une partie de l’échappement. C’est aussi une bonne pratique que d’éviter de faire face à un deuxième bris qui pourrait empirer l’état du bateau.
Les examens écrits et oraux
J’ai fait les examens écrits et oraux en décembre 2024. L’examen écrit ne comprenait aucune surprise. Je me bornerai ici à dire que si on fait les exercices du cours adéquatement, le matériel de l’examen ne devrait pas surprendre. Je ne peux penser qu’à une question qui demandait de réfléchir un peu plus au delà de la procédure usuelle de la navigation astronomique. Autrement, l’examen couvrait la météo marine, des exercices de positionnement et des questions générales sur la planification de passage.
La correction de mon examen par l’examinateur fut immédiate. L’idée est qu’il n’est pas nécessaire de faire l’examen oral si on échoue l’examen écrit. Une fois l’examen corrigé, j’ai pu passer à l’oral.
Les lignes directrices de la RYA pour l’examen oral sont du domaine public. Typique de la mentalité du RYA, l’examinateur passera plus de temps à évaluer les points faibles du candidat. L’idée est qu’ils cherchent à savoir à quel point vos points faibles révèlent des faiblesses plus importantes. Comprendre cette logique aide beaucoup à comprendre comment répondre. Aussi, ça rend cette partie de l’examen moins stressante: on comprend pourquoi on fait face à une série de questions où on réussit moins bien. Le RYA ne perd pas de temps à évaluer vos points forts!
L’autre gros morceau de l’examen oral porte sur votre capacité à gérer des scénarios hypothétiques en haute mer. « Que feriez vous si vous perdiez votre mât à plus de 100 milles des côtes ? » et ainsi de suite. Ici, « l’expérience ordinaire du marin » joue pour beaucoup. L’examinateur cherche avant tout à évaluer si vous avez déjà réfléchi à ce genre de situations. Si c’est le cas, cette partie de l’oral est relativement facile et devient presque une conversation.
Conclusion
Lorsqu’adossée commercialement, le Yachtmaster Ocean du RYA procure le brevet de « Master of Yacht 200 gt » de la Maritime Coastguard Agency (MCA). Le brevet enlève la restriction d’activités commerciales à distance de moins de 150 milles nautiques des côtes. Les restrictions sur la taille du voilier (24 m) et de son tonnage (200 gt) demeurent. C’est la version anglaise du Capitaine 200. Le brevet ouvre également la porte, via des examens additionnels, au brevet d’officier de quart de pont du MCA.
De manière génale, j’ai trouvé le cours de Yachtmaster Ocean beaucoup plus ouvert que celui de l’Offshore. Il m’a aussi pris plus de temps, soit une année complète entre le début du cours théorique et l’obtention de la certification. En temps de travail, il faut peut-être compter 30 jours, mais ce n’est que si on ne fait que ça.
Dans la vaste famille des navigateurs à voile, savoir si on devrait aller chercher des brevets de compétence ou non est toujours une idée sujette à débat. Certains argumentent qu’il n’y a aucun substitut aux milles nautiques. D’autres ne jurent que par leur formation et en font presque un fait d’arme. Finalement d’autres argumentent la valeur commerciale limitée du RYA, en comparaison aux brevets de la marine marchande. Selon la manière dont on accorde de l’importance à ces dimensions, on jugera différemment si le jeu en vaut la chandelle.
Personnellement, je ne suis pas un grand fan du « fait d’arme », mais j’estime certainement que les formations que j’ai reçues ont fait de moi un meilleur marin. Je pense également que tant qu’à acquérir des connaissance, il est d’autant plus utile que d’aller chercher le maximum de leur valeur. À cet égard, une certification professionnelle procure plus d’avantages que la seule maîtrise des connaissances. Ça peut démarrer une carrière… ou un plan de retraite.