On ne demande pas à une mouette apprivoisée pourquoi elle éprouve le besoin de disparaître de temps en temps vers la pleine mer. Elle y va, c’est tout, et c’est aussi simple qu’un rayon de soleil, aussi normal que le bleu du ciel.
Benoit Moitessier
Yves Gélinas est un navigateur, inventeur, cinématographe, écrivain et fabricant reconnu et récompensé pour son tour du monde solo à bord de Jean-du-Sud. Il fut le capitaine de Jean-du-Sud de 1973 à 2022.
Né le 17 Janvier 1932 à Montréal (Québec, Canada), il étudia les arts au Collège Jean-de-Brébeuf (50-58) et le théâtre au Conservatoire d’art dramatique du Québec (58-61). Il était alors acteur dans des émissions de télévision et dirige des pièces de théâtre pendant neuf années. C’est pendant ces années qu’il commenca comme équipier à bord de voiliers.
En 1967, il acheta un voilier Olympic de 24 pieds et le nomma Jean-du-Sud. La même année, il maria une suédoise avec qui il fit deux enfants, Anniki et Julika Gélinas. Il inventa de plus le premier régulateur d’allure et fit sa première sortie solo sur le fleuve St-Laurent (68), où il fit la rencontre du vrai Jean du Sud, soit le père de Gilles Vignault. Il se divorca en 1970.
En 1973, il acheta avec son frêre un Alberg 30 au numéro de coque #399, soit le voilier qui deviendra le Jean-du-Sud définitif. Il y inventa une seconde version de son régulateur d’allure. De 1974 à 1976, il fit diverses croisières aux Antilles, aux Bermudes et le long de la côte américaine. Son frère lui transféra ses parts de Jean-du-Sud et il devint son seul propriétaire. En 1977, il traversa l’Atlantique pour faire diverses croisières en Europe. En 1978, il navigua en suède pour aller voir ses deux filles, où résidait alors leur mère.
De 1978 à 1931, il travailla en Europe comme ouvrier dans le chantier maritime de Plouër-sur-Rance. Il travailla également à titre de traducteur. Il aura parfait son design de régulateur d’allure et fit plusieurs changements à Jean-du-Sud, en préparation pour son tour du monde. Il obtint également du financement pour filmer son voyage.
Il quitta Saint-Malo le premier septembre 1981 et débuta son tour du monde solo. Il fut cependant obligé d’arrêter aux Îles Chatham en février 1982 parce Jean-du-Sud chavira à deux reprises, la seconde occurence le démâtant. Il retourna alors à Montréal pour débuter la production de son film.
Son film fut diffusé en 1982 pour la première fois. D’abord sur les ondes de Radio-Canada, puis sur « Antenne 2 » (France). Il retourna aux Îles Chatham en 1982, fit les réparations au mât de Jean-du-Sud‘s, appareilla, franchit le Cap Horn et aura rejoint le port de Gaspé (Québec, Canada) le 4 Mai 1983. Son film remporta le grand prix de festival international de voile de La Rochelle. Son film remporta également le prix des journalistes.
La seconde partie de son film fut diffusée en 1984 sur les ondes de Radio-Canada. Il remporta le grand prix du cinquantième Festival du film maritime de Toulon, le grand prix du onzième Festival du sport de Turin et le grand prix du Festival international de film de La Rochelle. the Grand Prize of the International Movie Festival of La Rochelle. (Note: les deux films sont aujourd’hui édités en un seul film.)
En 1984, Yves Gélinas se voit octroyé un doctorat Honoris Causa de l’Université Laval.
Entre 1984 et 1987, il fit différentes conférences et présentations de son film, de même que quelques croisières sur la rivière St-Laurent.
C’est en 1987 qu’il développa sa relation avec la « voisine d’à côté », Céline Lacerte. Ils tombèrent en amour pendant une croisière sur Jean-du-Sud et se marièrent en 1998.
En 1988, il publia le livre « Jean-du-Sud et l’Oizeau Magick », un compte rendu écrit de son tour du monde solo. (Le livre est traduit en anglais en 2018).
Une version traduite et restreinte (sans nudité) est présentée au 21ème Festival de film des Amériques de Houston, où il obtint la médaille d’argent.
Pendant la période de 1981 à 1995, il fit croisière sur Jean-du-Sud sans aucun moteur. Outre son tour du monde, il navigua notamment le fleuve St-Laurent à voile jusqu’à Oka. En 1995, il installa un moteur hors bord sur la hanche de tribord.
En 1989, il fonde la compagnie Cap Horn.
Le logo de la compagnie, outre le lettrage, montre la pièce singulière du régulateur d’allure qui traduit le mouvement horizontal en déplacement latéral.
La compagnie débuta avec un seul modèle de régulateur d’allure nommé « Jean-du-Sud », qui était alors assemblée par Yves. La compagnie développa lentement une variété de modèles et éventuellement, Yves délégua la production à son neveu pour se concentrer sur l’administration, ce qui lui permit de retourner en mer.
De 1989 à 2001, Yves fit diverses croisière au Québec, en Ontario et dans les provinces maritimes du Canada.
En 1998, Yves se voit décerner le prix cercle d’or de la (défunte) Joshua Slocum International Society.
En 2001, il traversa l’Atlantique avec sa femme, Céline Lacerte. Le voyage, parsemé d’arrêts saisonniers et de contraintes de travail, dura jusqu’en 2008. Ils furent en Écosse, en France, sur la côte ouest de l’Europe et dans la mer méditerranée.
De 2008 à 2015, il fit croisière à bord de Jean-du-Sud au Québec, dans les provinces maritimes du Canada et sur la côte est des États-Unis. En 2011, il est admis au Temple de la renommée de la fédération de Voile du Québec.
En 2015, il navigue aux Antilles avec Kevin Grondin. La croisière se termine en 2016, où Jean-du-Sud s’échoua sur des bancs de sable de Floride qui n’étaient pas cartographiés.
En 2018, il fit son dernier voyage d’importance à titre de capitaine de Jean-du-Sud. Il fit croisière dans les provinces maritimes du Canada.
En 2022, à l’âge de 83 ans, confia Jean-du-Sud à [Pier du Sud]. Il vendit également la compagnie Cap Horne à Guy Lavoie.