22 nœuds marins d’usage pratique

Voici 22 nœuds d’usage pratique dans un contexte maritime. Chaque nœud est une variante de 9 nœuds fondamentaux. Sur le plan de l’apprentissage, on peut donc commencer par se concentrer par ces nœuds fondamentaux pour ensuite apprendre les variantes.

Sur le plan des évaluations, les cinq premiers nœuds fondamentaux font partie de l’examen « Quillard élémentaire » de Voile Canada et de l’examen d’Opérateur de petit bâtiments de Transport Canada. Le Royal Yachting Association n’a pas de nœuds spécifiques prescrits à ses examens, mais ils demandent « une connaissance des nœuds et leurs applications ». Autrement, la totalité des nœuds de cette page font partie des attentes lors des examens oraux de brevets supérieurs de Transport Canada.

Ci-dessous, les nœuds sont présentés par catégorie de nœud fondamental. Le nœud fondamental est d’abord présenté, puis ses variantes. Chaque nœud est accompagné d’un vidéo pour voir comment le faire.

Pourquoi apprendre autant de nœuds?

On peut faire la majorité des tâches de matelotage avec cinq ou six nœuds fondamentaux. On peut ainsi se demander pourquoi il est utile d’en apprendre plus? En des termes simples, ça permet de mieux s’adapter aux circonstances. Selon les besoins, certains nœuds fonctionnent mieux que d’autres.

Pour employer une analogie, on peut probablement construire une maison seulement avec un tournevis étoile, une clé 1/4″ et une scie ronde, mais on comprendra que de posséder une multiplicité de tournevis, un banc de scie et plusieurs tailles de clés facilitera grandement le travail.

Bien sûr, pour avoir ces outils additionnels, il faut les apprendre! Il faut penser aux nœuds fondamentaux comme des apprentissages de mémorisation (et le meilleur moyen consiste à pratiquer). Les variantes sont des « twists » sur les nœuds fondamentaux: il faut se rappeler d’un petit changement à faire pour arriver à un nœud différent. Bref, l’apprentissage des variantes est plus facile quand on connaît bien les fondamentaux.

Le nœud de chaise

Variante fondamentale

Le nœud de chaise (ang.: bowline) est probablement le plus employé de tous. Il permet de faire une boucle à la fin d’un cordage. Le nœud fait en sorte que cette boucle est très solide et très facile à défaire.

La technique présentée dans le vidéo ci-dessous est la plus fréquemment enseignée pour apprendre à le faire. Il existe cependant des techniques plus rapides.

Le nœud de chaise.

Variante 1: le nœud de laguis

Le nœud de laguis (ang.: running bowline) est un nœud de chaise auquel on incorpore une boucle coulissante de manière à former un lasso. La technique est utile lorsqu’on doit faire un nœud coulant et qu’on n’a accès qu’à une seule des deux extrémités du cordage avec lequel on travaille (e.g. l’autre extrémité est attachée au quai).

C’est la même technique que pour le nœud de chaise, mais on doit songer à faire un tour autour de la partie utile du cordage avant de compléter le nœud.

Bien sûr, si on a accès aux deux extrémités du cordage, on peut faire ce nœud coulant en passant l’extrémité libre dans la boucle d’un nœud de chaise.

Nœud de laguis.

Variante 2: le nœud de chaise double

Le nœud de chaise double est utile lorsqu’on souhaite faire un nœud de chaise et que les deux extrémités du cordage ne sont pas disponibles. On doit travailler à partir du milieu de la corde.

La technique pour le faire est différente des autres variantes du nœud de chaise. Il faut porter attention, lorsqu’on serre le nœud, à ce qu’il conserve bien sa forme. Autrement, il risque de se défaire. Une fois bien positionné, il est cependant très solide.

Nœud de chaise double.

Variante 3: Nœud de chaise avec boucle de relâche

Le nœud de chaise avec boucle de relâche (ang: bowline with quick release) est utile pour rapidement défaire le nœud. Comme les lacets de soulier, il comprend une boucle qui, lorsqu’on tire dessus, permet de défaire le nœud. Ce faisant, il est très pratique pour des travaux répétés, mais il est aussi plus dangereux, car il s’agît de tirer sur la boucle par erreur pour qu’il se défasse.

Un cas d’usage pratique est pour attacher un guide d’amarre à une amarre de plus gros diamètre. On peut ainsi lancer le guide d’amarre à une personne à terre, qui peut ensuite tirer sur l’amarre plus grosse. La personne à terre peut alors facilement défaire le nœud et retirer le guide.

Sur le plan de la technique, c’est la même chose que la technique de base, mais il faut ajouter une boucle à la dernière étape.

Nœud de chaise avec boucle de relâche.

Le nœud en huit

À voile, le nœud en huit (ang.: figure 8 knot) est souvent employé pour éviter que les drisses ou écoutes ne sortent des poulies ou des guides. C’est foncièrement un nœud d’arrêt (ang.: stopper knot).

Cet usage ne lui rend cependant pas justice: la version double du nœud en huit est bien connue des adeptes d’escalade. C’est le nœud avec lequel on s’encorde et qu’on sécurise les grimpeurs. De fait, la version en double est le seul nœud de cette liste qui est plus sécuritaire que le nœud de chaise. On l’emploiera justement quand la sécurité d’une personne est en jeu (e.g. monter quelqu’un au sommet d’un mât). Cependant, lorsqu’il a subi une charge importante (e.g. la personne est tombée), il est plus difficile à défaire que le nœud de chaise.

Variante fondamentale: le nœud en huit simple

C’est cette version qui sert à empêcher les écoutes de sortir des poulies ou d’autres éléments du gréement.

Sur le plan de la technique, l’idée générale est de faire un huit au bout d’un cordage.

Le nœud en huit simple.

Variante 1: nœud en huit double

Le nœud en huit double permet de faire une boucle pour attacher le cordage à quelque chose (un harnais, un crochet, etc.). Il est très sécuritaire, mais plus dur à défaire s’il a subi une charge.

L’idée est de démarrer avec un nœud en huit simple au bout d’un cordage, mais en se laissant assez de cordage pour être en mesure de faire une boucle et et refaire la boucle en huit en suivant le chemin inverse. On portera attention, en faisant le chemin inverse, à ce que les cordages ne se croisent pas, pour avoir le nœud le plus plat possible. Ça ne changera pas la solidité du nœud, mais ça le rendra plus facile à défaire.

Nœud en huit double.

Variante 3: nœud d’écoute en huit

De manière générale, la désignation « d’écoute » (ang.: bend) réfère à l’action d’attacher deux cordages ensemble. Un nœud en huit d’écoute sert donc à attacher deux cordes entre-elles à l’aide d’un nœud en huit.

La technique consiste à faire un nœud en huit simple sur un cordage, puis de faire le chemin inverse de la boucle en huit avec l’autre cordage. On portera attention, en faisant le chemin inverse, à ce que les cordages ne se croisent pas, pour avoir le nœud le plus plat possible. Ça ne changera pas la solidité du nœud, mais ça le rendra plus facile à défaire.

Ce type de nœud d’écoute hérite des propriétés des nœuds en huit: très sécuritaire, mais difficile à défaire s’il a subi une charge.

Le nœud d’écoute en huit.

Le nœud d’écoute

Variante fondamentale: nœud d’écoute simple

Le nœud d’écoute simple, ou tout simplement le « nœud d’écoute » (ang.: sheet bend), est la manière la plus courante d’attacher deux extrémités de cordage. Il performe bien quand les deux extrémités de cordage sont de diamètre similaire. Cependant, il performe moins bien quand les diamètres sont différents. C’est un nœud facile à faire et à défaire.

La technique de construction est relativement simple (voir le vidéo). Un indicateur qu’il est bien réussi est qu’il ressemblera à un nœud de chaise une fois terminé.

Le nœud d’écoute.

Variante 2: le nœud d’écoute double

Le nœud d’écoute double (ang.: double sheet bend) est plus performant lorsqu’on doit attacher deux cordages de diamètre différent. C’est la même technique que le nœud d’écoute simple, mais auquel on prend soin de faire un tour de plus. Le cordage de gros diamètre est celui avec lequel on forme un anneau (autour duquel on fait les tours).

Il est bien sûr possible de faire un nœud d’écoute triple, quadruple et ainsi de suite. Il sera ainsi plus sécuritaire, mais je ne connais pas de cas où la nécessité impose ses tours additionnels.

Nœud d’écoute double.

Le nœud plat

Le nœud plat (ang. reefing knot ou square knot) sert à attacher deux extrémités de cordages ensemble. Il n’est pas sécuritaire car il se défait en absence de tension.

Comme le nom anglais le suggère, son usage à voile est pour attacher la partie ferlée d’une voile suite à une prise de ris.

Le nœud plat.

Le nœud de cabestan

Variante fondamentale

Le nœud de cabestan est le premier du lot qui sert à attacher un cordage à un objet (un poteau, une filière, un chandelier, une manille, etc.). C’est un nœud rapide, mais qui n’est pas très sécuritaire. Dès que la tension se relâche, il a tendance à se défaire.

Son usage typique est pour attacher rapidement des défenses pendant les procédures d’accostage. Une fois attachés (ou accosté, selon les priorités), on voudra peut-être renforcer la sécurité du nœud à l’aide d’un nœud simple.

La vidéo ci-dessous présente la technique de la perspective de la personne qui fait le nœud. On peut imaginer que la barre d’attache bleu du vidéo correspond à une filière d’un voilier.

Le nœud de cabestan.

Variante 2: le nœud de bosse

Le nœud de bosse (ang.: rolling hitch) est un nœud de cabestan auquel on prend soin de faire un tour additionnel. Il est typiquement utilisé pour attacher un objet à un cordage sous tension (e.g. haubans). Il sera résistant à la tension dans la direction des deux tours. Il est également possible de faire plus d’un tour pour le rendre plus résistant.

Nœud de bosse.

Variante 3: le nœud de cabestan formé

Le nœud de cabestan formé (ang.: clove hitch cast) est une technique différente pour faire un nœud de cabestan. La technique est très rapide, mais ne fonctionne que lorsqu’on peut passer un anneau autour de l’objet à attacher. Par exemple, si un poteau d’un quai à une extrémité libre. Autrement, le nœud hérite des même inconvénients que la variante fondamentale du nœud de cabestan.

On sait qu’on a réussi à faire le nœud correctement quand on peut voir la forme typique d’un nœud de cabestan: deux brins parallèles coincés par l’objet et un brin additionnel de cordage.

Variante 4: le nœud prussik (prusse?)

Le nœud prussik (ang.: prussik knot) est un nœud qu’on fait autour d’une corde sous tension. Il a le même usage que le nœud de bosse, à la différence près qu’il résiste bien à la tension dans les deux directions. Lorsqu’il n’est pas sous tension, on peut le déplacer à souhait le long de la corde.

Le nœud prussik est bien connu des personnes qui font de l’alpinisme, car il sert à faire des étriers pour remonter sur une corde. Lorsque le poids de l’alpiniste est sur l’étrier, le nœud bloque et retient la personne. Lorsque le poids n’y est pas, on peut remonter le nœud le long de la corde et ainsi mettre son poids dans cet étrier plus haut.

Sa technique de construction est simple, mais différente des autres nœuds, car il requiert que les deux extrémités du cordage soient disponibles.

Nœud prussic.

Le nœud « tour mort, deux demi-clés »

Variante fondamentale

Le nœud tour mort et deux demi-clés (ang.: round turn, two half-hitches) sert à attacher un cordage à un objet (e.g. un poteau, ou un anneau). Il est typique pour attacher une annexe (dinghy) au quai. Faire un « tour mort » signifie que le cordage doit faire un tour autour de l’objet. Faire une « demi-clé » consiste à faire un nœud simple (comme lorqu’on attache ses souliers). Ainsi, son nom désigne littéralement la technique.

Il est sécuritaire si il est bien fait. On portera attention à ce que les deux demi-clés soient fait dans la même direction. Un indicateur de réussite est que les deux demi-clés ont l’apparence d’un nœud de cabestan autour du cordage.

La vidéo ci-dessous présente la technique de la perspective de la personne qui fait le nœud.

Tour mort, deux demi-clés.

Variante 1: le nœud de grappin

Le noeud de grappin (ang.: anchor knot) est similaire en construction au tour mort, deux demi-clés. On fait cependant la première demi-clé en passant au travers du tour mort. On portera également attention à ce que les deux demi-clés soient faites dans la même direction.

Son nom anglais suggère l’usage: le nœud est utilisé pour attacher des ancres.

Le nœud constrictor

Note: ce nœud et les nœuds subséquents ne font pas partie du standard quillard élémentaire de Voile Canada ou du standard d’Opérateur de petite embarcation de Transport Canada.

Le nœud constrictor (ang.: constrictor knot) sert à attacher un cordage à un objet. Sur le plan de la construction, c’est presque un nœud de cabestan. Il ne faut pas cependant s’y tromper, c’est un nœud très résistant… et très difficile à défaire. Il faut donc comprendre que c’est le genre de nœud qu’on peut avoir à défaire… avec une lame.

Il est souvent utilisé pour attacher des objets ensemble en permanence. Si vous êtes perdu sur une ile déserte et devez vous faire une cabane dans les arbres (!), le nœud constrictor sera utile pour attacher vos fondations à l’arbre.

Le nœud constrictor.

Le nœud papillon

Le nœud papillon (ang.: alpine butterfly hitch) sert à former une boucle au milieu d’un cordage. Il a plusieurs avantages. D’abord, il n’est pas nécessaire d’avoir accès aux extrémités du cordage pour le faire. Ensuite, il permet de faire un point d’attache au milieu d’un cordage. Finalement, la tension sur le cordage ne se transmet pas à la boucle. Ce dernier avantage est bien connu des alpinistes, car il permet d’enlever la tension d’un segment endommagé de cordage pendant une ascension. L’usage marin le plus fréquent est d’utiliser la boucle pour faire un palan fait de cordage.

Nœud papillon.

Le nœud zeppelin

Le nœud de zeppelin (ang.: zeppelin knot) permet d’attacher deux segments de corde ensemble. Il est d’usage général, mais est souvent employé avec des cordages de gros diamètres (>2 cm). Sur le plan de la technique de construction, les deux points importants sont:

  1. que les boucles initiales doivent être vers l’intérieur des cordages;
  2. que les extrémités sortent des boucles de manière différente: une doit sortir au-dessus et l’autre au-dessous.

On portera également attention à tirer séquentiellement sur les extrémités et sur les bouts courants du cordage pour bien former le nœud.

Le nœud de zeppelin.

La jambe de chien

La jambe de chien (ang.: sheep shank) est un nœud qui permet de raccourcir (temporairement) un cordage trop long. On doit avoir accès aux deux extrémités du cordage.

Sa technique est relativement simple. On portera attention à ce que les segments servant à raccourcir le cordage soient de dimension égale, de manière à répartir également la tension du cordage. Ce n’est pas nécessaire, mais c’est plus efficace!

Le nœud de ligne d’attrape

Le nœud de ligne d’attrape (ang.: heaving line knot) sert à créer du poids à la fin d’un cordage pour faciliter sa lancée (e.g. lancer une amarre à terre). On le verra à des fins décoratives, à la fin de lacets de souliers. Ce n’est pas un nœud solide: il a une visée temporaire et il est facile à défaire.

Le nœud de touline

Le nœud de touline (ang.: heaving line bend) sert à attacher temporairement une cordage à une autre cordage (ou à un objet). Par exemple, si on doit attacher un guide à une ligne d’amarre, ou attacher un cordage à une filière.

Nœud de touline.

Références

Royal Yachting Association (2023). RYA Yachtmaster Scheme Syllabus and Logbook, récupéré en ligne en février 2025 à partir de cette adresse.

Transport Canada (2018). Service d’examen, récupéré en ligne en février 2025 à partir de cette adresse.

Transport Canada (2016). Cours de formation sur les compétences des conducteurs de petits bâtiments – TP 14692 F, récupéré en ligne en février 2025 à partir de cette adresse.

Voile Canada (2024). Brevet de croisière élémentaire, récupéré en ligne en février 2025 à partir de cette adresse.